Après l’heure, ce n’est plus l’heure!

Voici une nouvelle illustration de cet adage dont Madame Y a fait l’amère expérience!

Le 27 février 2018, Madame O consent à Monsieur X une promesse de vente d’un local commercial donné à bail à Madame Y.

Le lendemain, Madame O notifie à sa locataire une offre de vente aux clauses et conditions acceptées par l’acquéreur, Monsieur X.

Le locataire bénéficie en effet d’un droit de préemption.

Madame Y accepte cette offre le 27 mars 2018 et indique son intention de recourir  à un prêt lui ouvrant un délai de 4 mois pour régulariser l’acte de vente.

Et le 27 juillet 2018, Madame Y fait délivrer une assignation en vente forcée à son bailleur.

Si le tribunal fait droit à sa demande, la Cour d’appel infirme la décision, estimant que la vente aurait dû être réalisée dans un délai de 4 mois, l’acceptation de l’offre devenant sans effet au-delà.

La locataire forme un pourvoi.

Elle estime qu’en délivrant à son bailleur une assignation dans le délai de 4 mois de l’acceptation de l’offre, elle a mis en oeuvre toutes les conditions permettant la réalisation de la vente dans le délai légal.

A votre avis, a-t-elle obtenu gain de cause?

La réponse est non.

La Cour de cassation, dans cet arrêt du 24 novembre 2021 (RG n°20-16.238) rappelle le principe posé par l’article L145-46-1 du code de commerce.

Lorsque le locataire accepte l’offre de vente et indique solliciter un prêt pour l’acquisition, la vente doit être réalisée dans un délai de 4 mois.

Le non-respect de ce délai, s’il est imputable au locataire, rend l’acceptation de l’offre sans effet.

La Cour de cassation approuve ainsi le raisonnement de la Cour d’appel qui a : 

  1. Estimé que le défaut de réalisation de la vente dans le délai de 4 mois était dû à l’absence de diligences de la locataire. Cela relève de l’appréciation souveraine de la Cour d’appel,
  2. Aucune dérogation ou prorogation de ce délai ne peut être obtenu,
  3. L’assignation en réalisation de vente forcée ne peut pallier l’absence de signature de l’acte dans le délai légal.

A retenir donc : il est impératif pour le locataire d’agir au plus vite pour que la vente ait lieu dans le délai légal de 4 mois de son acceptation de l’offre de vente. A défaut, il perd son droit de préférence.